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Nîmes, Ville d'art et d'histoire

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L’inscription de la Maison Carrée

L'inscription de la Maison Carrée sur la liste du patrimoine mondial par l'Unesco est le témoignage de son statut en tant que l’une des plus anciennes expressions et des mieux conservées d’un temple romain dédié au culte impérial, émergeant sous le principat d’Auguste.

Jusqu’au XVIIIe siècle, la datation, voire la fonction, de cet édifice, érigé au commencement de notre ère, demeuraient incertaines. Ce mystère fut élucidé par un érudit nîmois à partir des traces d’une inscription antique perdue.   

La Maison Carrée

La Maison Carrée

La Maison Carrée

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Une énigme

Les cavités visibles sur la façade principale de ce monument servaient, à l'époque antique, de trous de scellement destinés à fixer les lettres d'une inscription

Pendant longtemps, ces petits trous n'ont pas suscité l'intérêt ni les questionnements des érudits ou des voyageurs.

Il faut attendre Jean-François Séguier (1703 – 1784) pour que l’on envisage l’existence d’une inscription sur cette partie du monument.

Trous sur la façade principale de la Maison Carrée

Trous sur la façade principale de la Maison Carrée

Une inscription oubliée

À l'époque de Séguier, la Maison Carrée servait d’église à un couvent des frères augustins. Son antiquité était reconnue et admirée de tous, mais la fonction et la datation précise du monument demeuraient incertaines. Nous pouvons nous faire une idée de l’église aménagée à l’intérieur de la cella sur ce dessin daté entre 1697 et 1710. À l’emplacement de l’inscription, l’auteur restitue le rinceau de feuilles d’acanthe de la frise visible sur les autres façades du monument. 

Jean Poldo d’Albenas (1512 – 1563), premier historien de Nîmes, n’en fait pas mention au XVIe siècle. S’appuyant sur la dénomination de capitolium employée dans d’anciens manuscrits et passée dans la langue courante sous la forme de Capdeuil, il y voyait un capitole à l’instar de celui de Rome. Si à Rome le Capitole est le centre religieux de la ville, avec un temple dédié à Jupiter, pour Poldo d’Albenas c’est également un lieu où se réunissaient les consuls de la ville antique

Elévation de la Maison Carrée

Discours historial de l’antique et illustre cité de Nismes

Par Jean-Poldo d’Albenas, 1559

Tentative de traduction avant Séguier par Fabri de Peiresc

Évolution des interprétations

L’historien Anne de Rulman (1582 – 1632) assimilait, pour sa part, la Maison Carrée à la basilique construite, selon l'historien romain Spartien (IIIe siècle), par l’empereur Hadrien en l’honneur de Plotine, la femme de son prédécesseur Trajan. Cette hypothèse conduisait à dater le monument du début du second siècle

Au XVIIIe siècle, l’idée d’un bâtiment civil était généralement abandonnée et la Maison Carrée était reconnue comme un temple. Il restait à savoir à quel culte il était dédié. Pour répondre à cette question, il fallait restituer la dédicace disparue, en utilisant une méthode que l’érudit provençal Fabri de Peiresc (1580 – 1637) avait employée avec succès au début du XVIIe siècle pour un monument d’Assise et que Jean-François Séguier espérait appliquer à la Maison Carrée : déduire les lettres disparues de la disposition de leurs trous de scellement.  

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La méthode

Les premiers essais

Dans sa jeunesse, Séguier avait déjà fait un relevé des trous à la lunette depuis le sol, mais le résultat n’était pas assez précis. Plus tard, dans les années 1740, le chevalier Lorenzi, dont le régiment était de passage à Nîmes, réalisa un relevé à l’aide d’une camera obscura, sans obtenir des résultats plus exploitables.

En 1758, l’historien de Nîmes Léon Ménard persuada les édiles nîmois de construire un échafaudage afin de permettre une observation rapprochée

Ménard résidant à Paris, Jean-François Séguier se proposa pour exécuter le relevé. Revenu depuis peu à Nîmes après un long séjour en Italie, il était tout indiqué pour cette tâche en raison de ses compétences en épigraphie. Il travaillait en effet depuis de nombreuses années à la réalisation d’un monumental recueil d’inscriptions antiques

Manuscrit de Lorenzi

Copie figurée des trous qui sont sur la frise et l’architrave de la Maison Quarrée de Nismes, tracés à leur réduction par le moyen d’une chambre obscure d’Angleterre

Léon Ménard (1706 - 1767)

Buste de Lucien Pascal

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Copie à usage pédagogique des calques de la frise

Copie à usage pédagogique des calques de la frise

Le relevé

Perché sur l’échafaudage, les 17 et 18 août 1758, Séguier réalisa un calque sur des feuilles de papier de la même hauteur que la pierre. Les calques originaux, composés de 18 feuilles (12 pour la frise et 6 pour l’architrave), sont aujourd’hui conservés à la bibliothèque municipale.

D’abord, Séguier noircit le pourtour des trous : 
J’y présentai [ensuite] des feuilles de papier un peu fort de la même hauteur et de la même longueur que la frise et je calquai la figure de tous ces trous, en passant fortement la main sur ces feuilles, ce qui me donna l’emplacement de chacun et leur figure à peu près sur le revers de mon papier. Cela fait, il ne s’agissait plus que de les faire reparaître sur l’autre côté des feuilles et de le représenter directement tels qu’ils paraissent à ceux qui les regardaient du rez-de-chaussée en envisageant le bâtiment.”  

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Le déchiffrage

“Rendu chez moi, j’étalai toutes les feuilles bout à bout : mais comme le crayon noir ne me présentait pas ces trous d’une manière assez sensible, je remplis l’espace circonscrit avec de l’encre de Chine. Cette teinte me donna l’image bien marquée et telle que je la souhaitais. Le hasard fit que je m’attachai plutôt à considérer les feuilles de l’architrave.” 

Séguier ne tarda pas à restituer la seconde ligne de l’inscription, qui n’est pas brouillée par des repentirs au moment de la pose.  

PRINCIPIBUS IUVENTUTIS (Princes de la jeunesse) furent les premiers mots identifiés par Séguier. Avec sa grande érudition, il associa la dédicace aux petits-fils et fils adoptifs d’Auguste, Caius et Lucius, premiers membres de la famille impériale à recevoir ce titre créé par Auguste et donné aux fils de l’empereur au moment où ceux-ci prennent la toge virile. 

Première feuille de Séguier avec placement de lettres (1758)

Septième feuille de Séguier avec placement de lettres (1758)

Ces premiers mots lui fournirent la clé d’interprétation pour la lecture de la première ligne : 

C. CAESARI. AVGVSTI. F. COS. L. CAESARI. COS. DESIGNATO 
PRINCIPIBUS IVVENTVTIS 

À Caius Caesar consul et Lucius Caesar consul désigné, fils d’Auguste
Princes de la jeunesse  

La publication

Séguier envoya ses calques originaux à Léon Ménard qui en informa aussitôt l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Une commission de quatre membres examina et valida l’interprétation de Séguier.

Ménard inséra alors immédiatement la découverte dans le septième et dernier volume de son Histoire de Nismes qui parut la même année 1758. Il l’illustra également d’une planche qu’il chercha à rendre la plus exacte possible. 

L’année suivante, Séguier publia sa Dissertation sur l’ancienne inscription de la Maison Carrée, détaillant les différentes étapes de sa découverte.

Gravure représentant les trous de scellement de l’inscription

Planche du tome 7 de "Histoire civile, ecclésiastique, et littéraire de la ville de Nismes" de Ménard publié en 1758.

Restitution des trous de scellement de l’inscription

Publiée par Séguier dans "Dissertation sur l’ancienne inscription de la Maison-Carrée de Nismes" (1776).

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Restitution de l'inscription

Premier rouleau (13,20 m) de Séguier, à destination du public et présentant la suite des trous de l’architrave avec restitution des lettres de l’inscription (1758).

Restitution de l'inscription

Deuxième rouleau (5,90m) à destination du public et présentant la suite des trous de l’architrave avec restitution des lettres de l’inscription (1758).

La découverte de Séguier n'eut pas seulement un écho dans le monde savant et dans les publications à destination des visiteurs étrangers. Elle frappa les Nîmois. Dans un souci didactique et pédagogique, Séguier créa une copie des calques afin d'expliquer aux curieux sa démarche et “de la montrer au public qui s’est empressé de la voir et de l’examiner” (lettre à Ménard du 19 septembre 1758). 

Ce document dont “les trous [sont peints] en noir et les lettres en jaune clair “ se présente sous la forme de deux spectaculaires rouleaux de 13,25 et 5,90 mètres de long qui sont conservés à la bibliothèque

Le saviez-vous ?

Vers le milieu du XIXe siècle, les inscriptions de Nîmes ont été choisies comme modèle par l’Imprimerie Nationale. Elles ont servi de référence pour la création d’un nouvel alphabet pour l’impression des inscriptions de la période d’Auguste à Trajan.

“... M. Séguier, mort en 1784, eut l’idée de deviner les lettres qui formaient l’inscription, au moyen des trous destinés aux clous qui fixaient dans le mur les lettres de bronze…”
Stendhal, Mémoire d’un touriste, Paris, 1854.

“ … toute l’Europe savante (a) retenti de l’importante découverte que vous avez faite.”
Lettre de l’historien et numismate aixois Alexandre Fauris de Saint-Vincens (1750-1819) à Séguier.

Représentation de la façade de la Maison Carrée entre 1778 et 1804

Planche publiée par Charles Clérisseau dans "Antiquités de la France". Tome premier. Monuments de Nismes.

Qui est le savant nîmois Jean-François Séguier ?

  • 1703 : Naissance de Jean-François Séguier à Nîmes dans une famille de magistrats.
     
  • 1720 - 1728 : Études classiques au collège des Jésuites de Nimes et de droit à Montpellier, s’intéresse déjà aux sciences, notamment la botanique et à l’histoire. 
     
  • 1732 : Rencontre à Nîmes le marquis Scipion Maffei (1675 – 1755), “le plus illustre savant des Italiens”. Séguier fait découvrir au savant véronais les monuments antiques de Nîmes. 
     
  • 1732 - 1736 : Séguier accompagne Maffei en tant qu’aiutante di studio à Paris où ils sejournent 3 ans et le suit durant son voyage à travers l’Europe. Partout ils rencontrent de plus grands savants. 
     
  • 1736 - 1755 : À Vérone chez Mafféi, Séguier poursuit ses recherches scientifiques.

Portrait de Jean-François Séguier

Exécuté par Barat sur commande de l'Académie de Nîmes pour remercier Séguier du don de ses collections fait en 1778.

Portrait de Jean-François Séguier

Exécuté par Barat sur commande de l'Académie de Nîmes pour remercier Séguier du don de ses collections fait en 1778.

Carnet de Séguier avec le nom de ses visiteurs

Datant d’entre 1773 et 1784.

Carnet de Séguier avec le nom de ses visiteurs

Datant d’entre 1773 et 1784.

  • 1740 - 1745 : Il publie plusieurs ouvrages sur la botanique et l’astronomie.
     
  • 1755 - 1784 : Après la mort de Maffei, Séguier rentre à Nîmes et travaille à la réalisation d’un recueil général d’inscriptions et d’une histoire de l’épigraphie jamais imprimés. 2000 lettres de 350 correspondants attestent de son échange ininterrompu avec les érudits européens. Dans sa maison où il exposait ses collections de botanique, de paléontologie et de numismatique, il reçoit plus de 1500 visiteurs. De nos jours, les collections et l’immense bibliothèque (plus de 7000 volumes) de Séguier sont réparties entre les musées d’Histoire naturelle, de la Romanité, la bibliothèque de Carré d’Art et la Bibliothèque nationale de France. 

Séguier reçoit dans son hôtel particulier de nombreuses personnalités. Il tient un petit carnet où il mentionne les personnes ayant franchi sa porte entre 1773 et 1783. On y retrouve de grands scientifiques et érudits de son temps, des architectes, des militaires, ainsi que le futur Louis XVIII, l’empereur d’Allemagne, Joseph II et de nombreux princes et dignitaires d’Europe.

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De nouvelles interprétations

La lecture de l’inscription de Séguier fut remise en question aux XIXe et XXe siècles. Plusieurs savants défendirent l’hypothèse de l’existence d’une inscription antérieure qui expliquerait les trous de scellement supplémentaires, non utilisés, de la première ligne.

Cette hypothèse fut formulée dans un premier temps par trois ingénieurs et membres de l’Académie de Nîmes, Stanislas-Victor Grangent, Charles Durand et Simon Durant, dans leur Description des monuments antiques du Midi de la France, parue en 1819.  

La Maison Carrée au XIXe siècle

La Maison Carrée au XIXe siècle

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Planche publiée en 1840 dans : J. F. A Perrot, "Lettres sur Nismes et le Midi, histoire et description des monuments antiques du Midi de la France".

Elle est destinée à réfuter la lecture de l'inscription proposée par Auguste Pelet en montrant qu’il n’y a pas suffisamment de place pour substituer un M au C supposé par Séguier.

Planche publiée en 1840 dans : J. F. A Perrot, "Lettres sur Nismes et le Midi, histoire et description des monuments antiques du Midi de la France".

Elle est destinée à réfuter la lecture de l'inscription proposée par Auguste Pelet en montrant qu’il n’y a pas suffisamment de place pour substituer un M au C supposé par Séguier.

Elle fut reprise en 1834 par Auguste Pelet (1785 – 1865), correspondant de la commission des Monuments historiques dans le Gard. Convaincu que le style de la Maison Carrée était celui d’un édifice du second siècle, il y voyait la basilique de Plotine construite en 122 par Hadrien. Pelet proposa de changer la première lettre de C en M et de lire une dédicace, datable de 152, à Marcus et Lucius, fils adoptifs d’un autre Auguste, l’empereur Antonin, originaire de Nîmes. Auguste est un titre honorifique attribué pour la première fois par le senat à Octave, porté ensuite par tous les empereurs romains. 

M. CAESARI. AUGUSTI. F. COS. L. CAESARI. AUGUSTI.F. COS. DESIGNATO. 
PRINCIPIBUS. IUVENTUTIS

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Emile Espérandieu (1857 – 1939), épigraphiste et conservateur des monuments romains et du musée archéologique de Nîmes, pensait également qu’une inscription plus ancienne avait existé. En 1919, il proposa alors une nouvelle interprétation tenant sur une seule ligne : 

M AGRIPPA L F COS III IMP TRIBVN POTEST III COL AVG NEM DAT  

"Marcus Agrippa, fils de Lucius, trois fois consul, Imperator, revêtu de la puissance tribunitienne pour la troisième fois, donne [ce monument] à la Colonie Auguste des Nîmois.”  

Selon ce texte, la Maison Carrée aurait été construite à l’initiative d’Agrippa et il faudrait dater sa construction entre 20, date de son séjour à Nîmes, et 16 avant notre ère. Une nouvelle dédicace aux petits-fils d’Auguste, cette fois sur deux lignes, aurait été apposée plus tard, après leur mort.

Portrait d'Emile Espérandieu

Portrait d'Emile Espérandieu

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La validation de l’interprétation de Séguier

Chargé par le CNRS d’une étude du monument, l’archéologue architecte Robert Amy (1904-1986) a effectué de nouveaux relevés, plus précis, en 1968. En dessinant à l’échelle de 20 cm pour 1 mètre, il a constaté que les trous du relevé de Séguier sont généralement bien placés, mais que leurs formes et leurs dimensions ne sont pas toujours exactes.  

Les observations d’Amy montrent que seul le texte de Séguier a pu être placé sur la façade du temple. L’hypothèse d’une inscription antérieure est définitivement écartée. Les espacements variables entre les lettres, les trous de fixations doublés, les erreurs d’alignement sont imputables autant à une réalisation sans tracé préparatoire et sans repères qu’à des maladresses d'ouvriers analphabètes. 

Robert Amy livre en même temps une analyse technique de l’architecture du monument qui est complétée et enrichie par une étude stylistique poussée du décor architectural par Pierre Gros, directeur de l’Institut de recherche sur l’architecture antique au CNRS. Les travaux des deux chercheurs, publiés en 1979, confirment la lecture de l’inscription, qu’ils datent entre 2 et 5 de notre ère.  

Dessin laissant apparaître les malfaçons antiques

Dessin laissant apparaître les malfaçons antiques

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Une découverte majeure pour la datation du monument

La découverte de Séguier n’a pas permis seulement d’identifier la Maison Carrée sans équivoque comme un temple dédié au culte dynastique, elle apporte également des indications précises pour dater sa construction aux alentours du changement d’ère.

Caius et Lucius sont les fils d’Agrippa et de Julie, la fille d’Auguste. Auguste adopta ses petits-fils pour en faire ses héritiers. C’est pour eux qu’il crée le titre “prince de la jeunesse” qu’ils reçoivent lors de leur présentation au Sénat en 5 et 2 av. J.-C. Malheureusement, leur destin sera tout autre. Lucius meurt à 19 ans en l’an 2 ap. J.-C. à Marseille et Caius, le patron de la colonie de Nîmes, décède deux ans plus tard, en l’an 4. La pose de la dédicace est entreprise sans doute dans les années suivant immédiatement les décès des deux princes, entre 3 et 5 de notre ère. À cet instant, la construction et le décor du temple sont achevés.  

Aquarelle restituant l’inscription déchiffrée par Jean-François Séguier

Aquarelle sur papier de Joseph Bonomi datant de 1787

Aquarelle restituant l’inscription déchiffrée par Jean-François Séguier

Aquarelle sur papier de Joseph Bonomi datant de 1787

La perte de vitalité du culte réservé à Caius et Lucius et l’adoption de Tibère par Auguste en 4, qui devient ainsi le nouvel héritier de la dynastie, exclut, après l’année 5, la pose d’une dédicace exprimant l’attachement de la cité aux héritiers précédents

L’archéologie fournit des éléments afin de déterminer la limite inférieure de la fourchette chronologique de la construction du temple. Les dernières fouilles sur la place de la Maison Carrée, menées en 1990-91, ont révélé des vestiges de bâtiments inachevés appartenant à un ensemble public daté entre 25 et 10 av. J.-C. Le plan initial est modifié pour un nouveau projet dont la Maison Carrée fait partie.

Ce nouveau projet avec la Maison Carrée sera réalisé dans les années autour du changement d’ère, le chantier débutant au plus tôt vers - 10 et s'achevant dans les années 3 à 5.

Le message codé de la Maison Carrée

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Restitution de la dédicace sur mur contemporain apposée en 2012

Restitution de la dédicace sur mur contemporain apposée en 2012

La restitution de l’inscription

Dès 1758, des voix s’élevèrent pour demander le rétablissement de l’inscription. Fort d’une conscience patrimoniale, Séguier s’y opposa. Pour lui, remettre des lettres dans les trous de scellement risquerait d’effacer des traces archéologiques et de compromettre une étude postérieure.  

La question a été posée de nouveau lors de la restauration de la façade principale du monument en 2010. Le comité scientifique composé de conservateurs du patrimoine, chercheurs et spécialistes de l’architecture antique, qui a accompagné les travaux, s’est prononcé contre une restitution contraire à la déontologie de la restauration d’un monument historique.

Il s’agit de le conserver en respectant les traces de son histoire. À l’inverse du Panthéon à Rome où l’inscription est toujours en place, celle de la Maison Carrée est perdue depuis des siècles, peut-être même depuis la fin de l’Antiquité. La restituer serait nier une réalité historique et pourrait tromper le visiteur non-informé. Afin d’éviter toute ambiguïté, il a été décidé de poser une réplique de l’inscription à l’échelle 1 sur un des deux murs situés en face du monument.  

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Fin !

D’après l’exposition L’énigme déchiffrée : l’inscription de la Maison Carrée de la Bibliothèque Carré d’Art.
(7 mars au 16 avril 2023)