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Nîmes, Ville d'art et d'histoire

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La construction des Arènes de Nîmes

Découvrez les secrets de la construction du célèbre monument nimois. En collaboration avec l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), les dessins de Jean-Claude Golvin vous transportent dans le passé pour découvrir l'histoire et l'organisation de ce vaste chantier antique.

Arènes

Arènes

Arènes

Dans l'Antiquité, l’amphithéâtre de Nemausus s’élève à plus de 21 mètres de haut. Avec 60 travées et deux niveaux surmontés d’un attique, ce sont plus de 24 000 spectateurs qui peuvent y accéder et y circuler facilement.

C'est le dernier grand édifice public à être construit à l'époque romaine à Nîmes (parmi ceux encore conservés). Les archéologues datent le début de sa construction entre la fin du 1er siècle de notre ère et sa fin autour de 125, soit un chantier d'une vingtaine d'années.

Vue sud de l'amphithéâtre. Le tracé en jaune restitue l'emplacement de l'enceinte antique

Vue sud de l'amphithéâtre. Le tracé en jaune restitue l'emplacement de l'enceinte antique

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Traces de doubles queues-d'aronde visibles après l'enlèvement d'un bloc de pierre

Ces éléments en bois servaient à fixer les blocs entre eux lors de la construction. Le bois a disparu avec le temps.

Traces de doubles queues-d'aronde visibles après l'enlèvement d'un bloc de pierre

Ces éléments en bois servaient à fixer les blocs entre eux lors de la construction. Le bois a disparu avec le temps.

Depuis 2009, l’amphithéâtre fait l’objet de la plus grande restauration de son histoire depuis le XIXe siècle. Pour les archéologues, c’est une occasion unique d’observer des parties habituellement inaccessibles de l’édifice. Le suivi archéologique a permis d’identifier les phases de construction du monument, de comprendre l’organisation du chantier et d’attester l’utilisation de plusieurs procédés techniques.

En collaboration avec les archéologues de l'Inrap, Jean-Claude Golvin a pu restituer plusieurs hypothèses solides pour résoudre les défis pratiques d'un tel projet, aussi bien du point de vue architectural que de l’organisation du travail.

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Jean-Claude Golvin est reconnu dans le monde entier pour ses aquarelles qui font revivre les villes et les monuments du passé.

Sa passion pour l’Antiquité, sa formation d’architecte-urbaniste ainsi que ses expériences archéologiques lui permettent d’aborder la problématique de la restitution architecturale avec méthode tout en alliant approche scientifique et artistique. Cependant, rien ne remplace, de son propre aveu, la collaboration avec les archéologues qui oriente le dessin et alimente les réflexions scientifiques pour aboutir à l’image la plus crédible et documentée possible.

Interview Jean-Claude Golvin

Le début du chantier

Le chantier de l’amphithéâtre couvre environ 2 500 m2 et est situé à proximité de l'enceinte, probablement à l'emplacement d'un édifice antérieur, peut-être un amphithéâtre en bois.

L’implantation du monument est visible, orientée selon la trame urbaine et l’amphithéâtre précédent. Autour, des installations temporaires d'ateliers et des voies de circulations sont en cours de construction.

Première étape du chantier : réalisation de la plateforme, tracé des courbes et début de la construction des ateliers

Première étape du chantier : réalisation de la plateforme, tracé des courbes et début de la construction des ateliers

Au centre de l’arène, se trouve la grande fosse donnant accès aux souterrains appartenant à l’édifice antérieur. Autour, on observe les ouvriers qui préparent la plateforme sur laquelle va s'élever le monument.

À gauche, le tracé de l’ellipse est réalisé au cordeau. Le contour de la façade est matérialisé par un sillon rempli de chaux et les axes par des piquets.

À droite, des ouvriers creusent sur environ 1 mètre de hauteur, à peu près au même niveau que l’arène.

Hypothèse : L'amphithéâtre actuel a été construit sur la base d'un premier édifice de spectacle

Détail des opérations de terrassement

Détail des opérations de terrassement

Le creusement de la plateforme

En haut du talus, les chefs d’équipe dirigent les groupes qui creusent et déblayent.

Dans chaque équipe deux terrassiers piochent, un pelleteur remplit les paniers et deux porteurs mettent la terre dans des bâts portés par des ânes.

Le plan du tracé

Avant de procéder au tracé sur le terrain, l'architecte élabore le plan de l'ellipse en suivant des principes géométriques qui définissent la forme globale de l'édifice.

Le plan du tracé de l'amphithéâtre

Le plan du tracé de l'amphithéâtre

Sur les deux axes perpendiculaires, quatre points (A à D) sont placés, formant les sommets de deux triangles équilatéraux accolés (fig. 1).

Chacun de ces points est le centre de quatre portions de cercle raccordées formant les courbes intérieure et extérieure de l’amphithéâtre (fig. 2).

Ensuite, les lignes des murs rayonnants sont tracées. Quatre points (1 à 4) sont placés sur les axes, à égale distance du centre de l’arène. Leur positionnement est propre à chaque construction, selon les calculs de l’architecte. De chaque point partent des rayons qui constituent le milieu des murs et des piles dessinés sur le plan (fig.3).

Le tracé des axes

Les axes rayonnants sont tracés selon les plans de l'architecte en utilisant des cordeaux tendus entre des piquets.

Les fondations des piles de la façade (maçonneries massives en pierre de taille qui supportent les charges des voûtes) sont en cours d'excavation, avec le déblai évacué à l'extérieur de la zone de construction. La voie de circulation périphérique est en cours d’achèvement, avec une dernière couche de gravier mélangé à de la chaux. Les fours à chaux sont situés en haut à gauche, à l'extérieur de la ville.

Le tracé des axes et le creusement des fondations des piles de la façade

Le tracé des axes et le creusement des fondations des piles de la façade

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Au premier plan, la construction des baraques de chantier se poursuit, à proximité de maisons (domus) et de la caserne des gladiateurs (ludus), à l’implantation supposée.

De gauche à droite, on peut distinguer la cuisine-réfectoire, la maison des architectes, l’atelier de fabrication des grues, la menuiserie et l’atelier de taille de pierre.

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La préparation des fondations des piles de la façade

Un chef supervise le creusement de quatre fosses d'environ 1,50 mètre de profondeur, délimitées au cordeau. Dans chacune d'elles, trois ouvriers travaillent.

Le terrassier creuse le sol naturel composé d'argile et de cailloux à l'aide d'une pioche. Le pelleteur et le porteur récupèrent la terre qui est transportée vers des charrettes stationnées devant chaque travée.

Les fondations des piles de la façade

Les fondations des piles de la façade

Le tracé des murs

Le tracé des murs

Le tracé des murs

Les fondations des piles de la façade constituées de six niveaux d’assises en pierre de taille ont été posées. Les bases des murs rayonnants sont également prêtes. L’ensemble du rez-de-chaussée, qui était au niveau de l’arène, est remblayé sur environ deux mètres de haut. La construction en élévation peut débuter, de droite à gauche.

Les mesures des piles sont d’abord vérifiées à partir du cordeau axial tendu. Grâce à une règle et à une équerre, la forme exacte du contour de pose est tracée, sous le contrôle de l’architecte, plan à la main.

Les angles des blocs à venir sont gravés sur le lit d’attente et les trous de pince (levier) creusés. Ces blocs sont descendus par la grue et les ouvriers utilisent les pinces pour bien positionner les pierres conformément au tracé.

Les étapes de construction

Plusieurs équipes travaillent en parallèle. Après l'élévation des premières travées côté sud, le chantier se développe de part et d'autres du petit axe.

Au premier plan, les cintres en bois disposés au sol sont utilisés pour vérifier l'alignement des voussoirs en pierre destinés à former les arcs. Les grues mobiles du rez-de-chaussée sont employées pour installer les cintres et placer les blocs des arcs et des piles. Les échafaudages sont érigés progressivement et, depuis les plateformes, les ouvriers supervisent la qualité du travail.

Vue générale des étapes de construction des murs

Cette image est une synthèse représentant différentes étapes du chantier.

Vue générale des étapes de construction des murs

Cette image est une synthèse représentant différentes étapes du chantier.

Au deuxième plan, les maçons finissent les murs radiants. Une fois les coffrages installés, ils construisent les voûtes qui vont soutenir des escaliers et des galeries.

Au premier étage, des grues à un bras permettent de poser les lourds et longs blocs.

Au dernier plan, la construction des gradins avance.

Des charrettes circulent continuellement pour approvisionner le chantier en matériaux.

Hypothèse : Certains blocs étaient déplacés à l'aide de grues pourvues de palonniers

Détail du montage des murs

Détail du montage des murs

Les maçons au travail

La construction des murs radiants se fait avec des pierres de petites dimensions. Contrairement aux blocs des arcs, posés à sec, ces moellons sont jointoyés par du mortier de chaux.
La chaux, préparée à l’extérieur de la ville, est transportée en charrettes dans de petits tonneaux. Le mélange de chaux et de sable forme une cuvette circulaire dans laquelle est versée l’eau.

Un manœuvre mélange le tout longuement à l’aide d’une houe à long manche, dite rabot. Une fois le gâchage terminé, le mortier de chaux est amené dans des auges aux maçons qui construisent les murs. Des ouvriers préparent les pierres à utiliser et, si besoin, le maçon les retaille avant la pose finale.
À gauche, sont visibles les conduits verticaux d’évacuation des eaux de pluie intégrés dans les maçonneries.

Hypothèse : Parmi les ouvriers travaillant à la construction se trouvaient des esclaves

La coupe de la cavea

La coupe de la cavea

La coupe de la cavea

La cavea est une structure complexe, répondant à plusieurs exigences : faciliter la circulation du public, gérer le drainage des eaux de pluie, tout en assurant la solidité de l'ensemble.

À droite, sous le podium et l’escalier desservant le bas de l’ima cavea, les espaces sont traversés par un égout relié à des salles.

Au milieu, les deux galeries intérieures et les espaces voûtés, reposant sur les murs radiants, supportent des niveaux de remplissage maçonné et une structure creuse qui soutiennent les escaliers internes et les gradins.

À gauche, la façade, entièrement construite en grand appareil, supporte lasumma cavea et confère à l’ensemble de l’édifice une grande stabilité.

Hypothèse : La circulation et le placement des spectateurs

La fin du chantier

La fin du chantier

Le chantier se termine

Les équipes du chantier se rejoignent côté nord pour les dernières travées. Le chantier s'est développé depuis le sud de part et d'autre du petit axe. Des échafaudages sont construits en façade et d’autres sont démontés.

Les ateliers, au premier plan, fonctionnent à plein régime. Au centre, la corderie et l’atelier de mécanique servent à la construction et la réparation des grues.

Les menuisiers et les tailleurs de pierre s’activent. La chaux arrive des fours, depuis l’extérieur de la ville, pour faire le mortier des maçonneries.

À gauche, les cuisiniers préparent les repas, que les architectes et ingénieurs prennent dans le réfectoire. À côté, dans la maison des architectes, ils étudient des plans pour le suivi du chantier.

Hypothèse : Une forge et un atelier de charpentier étaient présents sur site pendant les travaux

La façade en cours d’achèvement

À droite, l'échafaudage est en cours de démontage, et ses traverses de boissont descendues à l'aide d'une poulie et chargées sur une charrette. Le montage de l'échafaudage adjacent est sur le point d'être terminé, atteignant une hauteur d'environ 24 mètres.

Sur la gauche, la construction d'un arc du premier étage touche à sa fin. Une charrette transporte les deux voussoirs manquants, tandis qu'un troisième est sur le point d'être placé sur le cintre à l'aide d'une grue. Celle-ci est mobile et peut être déplacée d'une travée à l'autre grâce à des rouleaux en bois. Son bras horizontal, appelé flèche, peut pivoter, facilitant ainsi la manipulation et la pose des blocs. Son large rayon d'action permet son utilisation pour la construction des arcs de l'étage, de la partie supérieure de la façade, mais également des gradins de la summa cavea.

La fin de la construction de la façade

La fin de la construction de la façade

Hypothèse : Les travaux étaient facilités par l'utilisation d'échafaudages

Les arènes en fonctionnement

Les chasses du matin sont terminées. La piste est préparée pour les combats de gladiateurs de l’après-midi. Pendant cette pause, une partie du public se dirige vers les bâtiments autour de l'amphithéâtre pour se restaurer et se désaltérer. L’ancienne maison des architectes est réservée à l'accueil des notables.

Les spectateurs retournent à leur place, indiquée par leur jeton, la tessera, sous la surveillance constante des préposés, garantissant ainsi une circulation fluide dans les galeries et les escaliers.

Les anciens ateliers sont remis en service. À droite, on fabrique les cages pour les animaux, au centre se trouvent des boutiques et des espaces utilitaires, tandis qu'à gauche, les voiles du futur velum sont en cours de préparation.

Préparation de la piste pour les combats de gladiateurs

Préparation de la piste pour les combats de gladiateurs

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Un combat de gladiateurs devant la loge

Un combat de gladiateurs devant la loge

Combat de gladiateurs

Devant la loge, un rétiaire et un secutor s’affrontent sous l’œil attentif de l’arbitre.

Il y a deux loges dans l’amphithéâtre, situées sur le petit axe. Ici, on voit la loge côté nord. La petite porte dans le mur du podium donne un accès direct à la piste. Les dignitaires peuvent ainsi rejoindre la loge après la pompa, (le défilé d'entrée). La rambarde de protection, devant les escaliers, se compose de panneaux à croisillons à têtes de lions et de loups. La plateforme est assez vaste (11,50 x 2,70 mètres) pour accueillir environ 30 personnes. À l’arrière, sur des fauteuils, les bisellia, prennent place dix notables. Derrière eux, un décor, composé de tentures rouges, magnifie l'espace.

Vêtus de blanc, les spectateurs privilégiés sont assis sur les quatre premières rangées du podium.

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La sortie des notables

Protégés par des vigiles, les notables sortent fièrement par la porte nord qui leur est réservée et la galerie axiale reliant directement la loge du podium.

Cette porte se distingue par le décroché de ses éléments architecturaux, créant un effet de relief, ainsi que par son décor élaboré. Au rez-de-chaussée, au-dessus de l’arc, des consoles moulurées, légèrement biseautées, soutiennent l’entablement en forte saillie. Au premier étage, deux avant-corps de taureaux sont placés sous le fronton triangulaire au tympan orné de statues, conférant une magnificence à l'ensemble.

Dans l’arc, plus large et plus haut, se trouvent trois statues. La statue centrale, de taille imposante, représente probablement l'empereur Hadrien en cuirasse.

Le système d’installation du velum, mâts et poulies, est visible au sommet.

La sortie des notables

La sortie des notables

Hypothèse : La travée 60 était ornée de statues

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Ont collaboré avec Jean-Claude Golvin pour la restitution et la présentation des étapes de construction de l’amphithéâtre :  
Marc Célié, archéologue, Inrap
Richard Pellé, archéologue, Inrap

Les dessins ont été réalisés pour l'exposition "Dévoiler Nemausus. Jean-Claude Golvin, un architecte et des archéologues", organisée par la Ville de Nîmes avec la collaboration de l'Inrap.
(Musée de la Romanité, décembre 2022 - mars 2023)

Textes
Stéphanie Siméon, Ville de Nîmes

Relecture et mise en page
Laura Derkac, Inrap 
Bettina Célié, Ville de Nîmes
Manon Jeanjean, Ville de Nîmes
Naïs Paoli, Ville de Nîmes